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[Billet d'opinion] Police et armée - Suite d'une échelle

L'ordre et le désordre. Ce sont les deux états qui, suivant une graduation, adviennent dans la vie de tout les jours. Les militaires usent depuis tout temps une échelle de conflit allant de "basse intensité" à "haute intensité". Je soutiens ici une chose assez simple : la police n'est que la suite basse d'une échelle à deux étages partagée entre ordre et conflit.

L'armée agit dans une situation de chaos en essayant de ramener le curseur d'intensité vers un "ordre" relatif ou absolu. Dans l'autre sens, la police tente de maintenir ce curseur au plus bas, littéralement elle tente de maintenir l'ordre public. Les deux institutions le font souvent avec le concours de diverses instances souvent sous-estimées dans leur travail (polices spécialisées, services sociaux, instances politiques ou associatives, ONG, etc. ) et souvent, l'une comme l'autre manquent cruellement de transversalité. En revanche, l'armée par son ancienneté, dispose d'un corpus établi étoffé et désormais d'instances de supervisions, l'ONU notamment, qui veillent à ce que le chaos n'alimente pas le chaos.

Il faut avouer que sur ces points la Police est très en retrait avec des organisations très changeantes en fonction des pays, des conduites opérationnelles assez peu définies et une sous-exploitation de sa potentialité. Néanmoins cela n'enlève rien au sujet d'aujourd'hui : la complémentarité des moyens.

Il faut bien-sûr définir où se situe le point de jonction entre la police et l'armée qui doivent maintenir leurs particularités, leur mode de recrutement, leurs entraînements, leurs modes opératoires, etc. Et bien-sûr, la réponse à cette question est attendue car on a souvent pu entendre ces dernières années qu'il fallait faire appel à l'armée dans des situations où la criminalité était à un assez haut niveau. Il faut dire que bien souvent ce haut niveau était surtout psychologique car, lorsque l'on pouvait voir ces propos pour Marseille, la criminalité y était bien inférieure qu'en Corse ou à certains endroits des DOM-TOM, notamment aux Antilles. 

Mais comme toutes les sciences, nous devrons répondre précisément à quel moment une situation d'ordre n'en est plus une, ce qui a longtemps et continue à faire débat dans le milieu du Droit avec la définition de l'ordre public. De manière surprenante, la définition la plus complète nous est offerte par les textes régissant les polices municipales au sein desquels on peut trouver que l'ordre public existe lorsque est assuré : "le bon ordre, la tranquillité publique, la sécurité publique et la salubrité publique".

Le point de jonction se situe-t'il lorsque l'un de ces points n'est plus sûr ? En fait légèrement au-dessus encore. Un exemple : lorsque la salubrité publique n'est plus assurée, lorsque l'eau est contaminée par exemple, les pompiers interviennent. Si ces derniers sont dépassés en Hommes et en matériels, alors la sécurité civile entre en jeu de manière coordonnée. Problème : selon l'unité de la sécurité civile à laquelle on s'adresse, l'on aura à faire au Ministère de la Défense (unités au sol) et donc l'Armée de Terre ou au Ministère de l'Intérieur (unités aériennes), à des forces de sécurité intérieure.

En France donc, ce flou entre armée et police est souvent entretenu, notamment avec la Gendarmerie Nationale. On peut aussi arguer qu'en cas de catastrophes naturelles, lorsque l'ordre public n'est plus maintenu ou n'est plus susceptible d'être maintenu, les unités du Génie de l'Armée de Terre viennent en complément des forces intérieures.

Mais cela nous amène plus sur le débat de l'ordre général que de l'ordre sécuritaire, celui qui est en jeu lorsque l'on invoque les rapports police-armée. Ici bien souvent le point de jonction se situe au niveau du rétablissement d'ordre, cette mission effectuée par les CRS et les gendarmes mobiles. Ces missions ont été aussi maintes fois effectuées à l'étranger par les militaires de l'Armée de Terre, au Kosovo ou en Côte d'Ivoire, et pour lesquelles ils sont entraînés puisqu'il s'agit techniquement du premier échelon de conflit.

On peut en effet dire que, lors des conflits de très basse intensité, lors des ruptures de l'ordre public, toutes les unités de sécurité, territoriales comme nationales, intérieures comme extérieures, sont compétentes. On peut définir, sans aucun doute, aucun, qu'il s'agit là du point de transition, du seuil au-delà duquel l'armée prend progressivement le pas sur la police. Progressivement car la police a encore des marges de progression, elle peut faire face à un conflit de basse intensité, et même parfois de haute intensité avec autant de brio que leurs collègues de l'armée régulière

Mais l'inverse fonctionne aussi, les militaires sont là en situation d'ordre public lorsque celui-ci peut être menacé à n'importe quel moment ; on peut le voir avec Vigipirate et Sentinelle. Les militaires aident alors parfois à la poursuite et à la capture de petits délinquants, souvent des voleurs, en accentuant la présence de personnels dédiés à la surveillance intérieure sur le territoire. Malheureusement, ces situations d'exception (Vigipirate notamment) sont devenus normes, quitte à l'épuisement du potentiel des forces.

Et c'est à tel pont que bientôt il faudra le concours et le renfort des agents de Police et Gendarmerie nationales sur les opérations extérieures pour mener à bien les missions. Ah, on me dit que c'est déjà le cas. Enfin, ce n'est bien-sûr pour l'instant que la Gendarmerie, ce qui rentre dans leur contrat, mais évidemment on peut se poser légitimement la question de savoir pourquoi, si les contours sont aussi flous, ne pas envoyer policiers, douaniers et gendarmes à la sécurité extérieure.

Bien que cela serait idiot, ce serait un juste retour des choses après que les militaires eurent palier aux déficiences de la sécurité intérieure.

Quoiqu'il en soit, voici l'échelle en image :

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