Retour du service militaire, réforme de l'éducation en une instruction obligatoire, réforme territoriale de décentralisation au profit des régions et des métropoles, réforme des services de santé et profonde envie de quitter les systèmes financiers ou de l'économie globalisée ; autant de choses actuellement proposées qui pourrait nous faire passer d'un système grec, la démocratie, à un autre système grec essayé lors de sa marche vers la démocratie par Athènes et vraiment installée par Sparte sous une forme diffuse : l'isonomie.
Qu'est-ce que l'isonomie ?
Le système politique isonomique signifie "l'égalité devant la loi". C'est un système basé sur un conseil représentatif de l'entièreté de la population appelé Boulè des Cinq-Cents, qui assure ET le pouvoir législatif ET le pouvoir exécutif par l'intermédiaire d'une permanence qui s'occupe des affaires courantes : les prytanies bouleutiques, littéralement les prytanies de la Boulè.
Cette Boulè est constituée de 50 membres de chacune des dix tribus qui composent Athènes, d'où son nom "des cinq-cents". Une tribu est une division administrative d'Athènes qui ressemble fortement à notre découpage administratif actuel des régions, elle est composée de trente trittyes ou cantons, dix pour Athènes, dix pour les territoires côtiers et dix pour les territoires ruraux.
Enfin, dernier découpage administratif, les dèmes ou quartiers, il y'en avait 139, étaient composés d'une assemblée avec un chef appelé démarque, que l'on pourrait comparer à un maire et son conseil municipal.
Il existait d'autres assemblées ainsi que des magistratures, mais l'on va garder simplement les informations que je viens de donner pour se représenter ce à quoi cela pourrait ressembler aujourd'hui.
Le dernier point important s'agissant de l'isonomie se traduit par l'isonomie totale mise en place par Sparte : l'aristocratie abandonne pouvoirs et privilèges, abandonne ses terres pour pouvoir en faire bénéficier à chacun de manière égale, il est totalement interdit de s'enrichir à titre personnel, l'éducation devient totalement égalitaire, enfin tous les citoyens participent à l'Assemblée de manière égale.
Néanmoins, il faut souligner par honnêteté intellectuelle que l'instruction obligatoire est totalement orientée sur la guerre, et l'Assemblée ne débat de rien, elle vote les lois par acclamation, un principe archaïque et désuet dont je fais part ici mais qu'il n'est bien-sûr pas question de reprendre ces idées dans un projet moderne.
Une isonomie moderne ?
Si l'égalité des citoyens devant la loi est aujourd'hui bien ancrée, elle n'est pas forcément toujours appliquée. Qu'il s'agisse de l'égalité homme/femme ou de l'égalité des chances et de l'accès à la culture et à l'éducation. Et si, de la même façon, il n'est pas juste qu'une personne ait plus de moyens qu'une autre, il ne faudrait surtout pas partir sur une confiscation des biens mais plus sur une limitation des bénéfices.
En 2012 par exemple, les suisses avaient dû se prononcer sur un projet de loi dite "1-12". Ce projet visait à limiter les revenus des patrons à 12x le salaire le plus bas de la société, y compris les multinationales. C'est un début d'isonomie qui avait donc été proposé.
De la même façon l'éducation égalitaire peut se faire par l'instruction obligatoire qui aurait pour but de mettre au même niveau tous les enfants à l'entrée du collège. La fin des écoles privées hors contrat, et l'instauration de cours de biologie/environnement et d'éducation civique dès 7 ans pourraient être des axes de progression vers une éducation égalitaire et responsable. D'autant plus si cela est synonyme de la fin des notations et la fin des classes par âge, mais plutôt par niveau et par matière.
Les professeurs pourraient tous êtres issus d'un concours de niveau Bac dont la réussite serait conditionnée à une note de 17/20 et un test psychologique, ce qui permettrait d'arrêter l'absurdité de la nécessité d'un Bac+5, ce qui rendrait l'accès au concours égalitaire. Il faudrait aussi rétablir au moins une année de formation obligatoire à la suite de la réussite du concours, pour former efficacement tous les professeurs.
Sur la santé : la fin du numerus clausus de manière progressive pour éviter toute surcharge aux professeurs de médecine, le réinvestissement dans la santé et la recherche & développement, là encore sont des axes de progression vers l'isonomie.
Et il y'a encore matière à débat et à idée pour obtenir une isonomie sociale !
Et l'isonomie politique ?
Et oui ! Pourquoi avoir présenté l'organisation politique d'Athènes si ce n'est pour décrire là où l'on pourrait en arriver ?
Pourrait-on imaginer la suppression des trop nombreuses et souvent mal desservies 36 000 communes françaises au profit des cantons ? Pourrait-on imaginer la fin du galopant urbanisme de certaines régions par l'imposition de zones d'urbanisation et de zones de développement agraire ? Pourrait-on imaginer des élections dont la seule promotion serait un petit billet dans un journal pour avoir une vraie égalité des chances des citoyens qui n'auraient plus à dépenser plusieurs milliers ou plusieurs millions pour pouvoir concourir ? Pourrait-on imaginer l'interdiction totale de se présenter en cas de casier judiciaire, comme dans la fonction publique ?
Volontairement mes questions sont rhétoriques, néanmoins je laisse libre à quiconque de proposer des idées et même de me contredire !
Mais quand même, vous ne souhaiteriez pas voir l'apparition d'isonomistes dans le paysage politique ?